Au regard de l’histoire

Le regard droit (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

« Au regard de l’histoire de la vie sur terre, celle de l’humanité commence à peine. Et pourtant, la voici déjà, par la faute de l’homme, menaçante pour la nature et donc elle-même menacée. L’homme, pointe avancée de l’évolution, peut-il devenir l’ennemi de la Vie ? Et c’est le risque qu’aujourd’hui nous courons par égoïsme ou par aveuglement. Il est apparu en Afrique voici plusieurs millions d’année. Fragile et désarmé, il a su, par son intelligence et ses capacités, essaimer sur la planète entière et lui imposer sa loi. Le moment est venu pour l’humanité, dans la diversité de ses cultures et de ses civilisations, dont chacune a droit d’être respectée, le moment est venu de nouer avec la nature un lien nouveau, un lien de respect et d’harmonie, et donc d’apprendre à maîtriser la puissance et les appétits de l’homme. »

Discours au IVe Sommet de la Terre, Johannesburg, 2 septembre 2002, de Jacques Chirac

L’expérience intérieure

La nuit est aussi un soleil.

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

L’expérience intérieure (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

Personne, décidément, ne voit de face : le soleil, l’œil humain le fuit…

L’expérience intérieure de Georges Bataille.

Cliquer pour accéder à experience-interieure.pdf

Aquarius

« On ne devrait s’aimer que sur un navire, un radeau, on le laisse aller, une fois tout fini, et tout le reste du monde est sauf. »

( Jean Giraudoux, Suzanne et le pacifique)

Aquarius (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

« Métaphore de la solitude et de l’isolement, mais de la solitude et de la réclusion choisie, comme tentative de se parler à soi-même, l’île, comme l’écriture qu’elle abrite souvent, figure en littérature, le lieu clos des récits de l’enfermement. Elle s’offre à la méditation sur le deuil, l’exil et l’innocence perdue. Entre le pôle insula et le pôle isola, les îles hébergent toutes sortes de songes allant de l’amour exclusif, au rêve du retour à l’Eden et à une nature idyllique ou encore à une monastique saison du ressourcement où s’arrêterait le temps.

[…]

Le désir de fusion ou de confusion dans le corps maternel, comme lieu de l’origine, constitue un ancrage pour l’écriture, pour le travail artistique en général pour le travail psychanalytique en particulier. La présence d’une île donne un berceau à la création, création artistique ou création des enveloppes du moi qui lui permettront de quitter l’île et de voguer vers le vaste monde. »

Martine Vautherin-Estrade, psychanalyste : http://www.martine-estrade-literarygarden.com/psychanalyse-art/psychanalyse-art-metaphore-ile.php

Le chercheur d’absolu

Les mots…, ils sont déjà devant moi dans la blancheur interne du cahier quand j’entre dans la pénombre.

Le chercheur d’absolu (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

« Ce que le sévère historien a si hautement compris, le poète surtout le doit faire ; c’est dans ce recueillement des nuits, dans ce commerce salutaire avec les impérissables maîtres, qu’il peut retrouver tout ce que les frottements et la poussière du jour ont enlevé à sa foi native, à sa blancheur privilégiée. »

SAINTE-BEUVE

https://www.bmlisieux.com/curiosa/stbeuv01.htm

La page blanche

Pourquoi nous efforçons-nous à rendre clair, ou plus clair, ce qui l’est déjà ?

La page blanche (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

« La page blanche est là devant moi dans sa blancheur immaculée ; rien n’est écrit sur elle encore ; et par là elle me séduit ; non entamée, vierge, elle semble palpiter de toutes les possibilités qu’elle porte en elle. Elle ne dit rien, mais attend tout ; chargée de toutes les virtualités, elle semble s’épanouir vers l’infini. Elle est là comme une toile de fond, à peine encore à ma portée. C’est qu’au fur et à mesure que je vais sur elle aligner mes pensées, que je vais ainsi la « noircir » — sans donner à ce terme un sens péjoratif — ses possibilités illimitées, ses disponibilités foncières iront en se rétrécissant. Ce sera dit, plus que ce n’est en train de prendre naissance, de s’élaborer, à la source même dont procèdent tout jaillissement et tout mouvement. Pour pénétrante, pour personnelle et « commune » en même temps, que soit ma pensée — en admettant qu’elle l’est — la page, une fois remplie, aura perdu de sa blancheur initiale, et à nouveau je désirerai, dans un éternel recommencement ou plus exactement, dans un éternel retour à la source, dans un commencement toujours renouvelé, l’avoir blanche devant moi. Toile de fond de mes écrits, toile de fond de mes pensées, toile de fond de la vie, inaccessible et pourtant si proche ! Dès lors pourquoi y toucher ? »

Eugène Minkowski, Devant une feuille de papier blanche. Avant-dernières pensées.

https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1963_num_61_70_5207

Un monde clos

Alors que tout s’affole autour de soi, comment conjuguer la menace et le calme, l’alarme et l’attente ?

Un monde clos (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

La science ne veut pas être un art : généalogie d’une technique sans conscience

« Avec la modernité galiléenne, l’homme, ainsi exclu du monde en acte, n’est plus qu’un sujet passif, observant l’univers déjà donné dans sa totalité. Et c’est cela l’extraordinaire imposture idéologique de la pensée moderne, affirmant que Galilée, pour la première fois, ouvre l’univers infini de la connaissance, fait sortir l’homme du monde clos, et lui apporte la liberté. Alors que, bien au contraire, sa formulation du problème de l’existence élimine de manière radicale la condition de la présence pleine et entière de l’homme dans la nature. Elle lui interdit de prendre toute position intellectuelle qui lui laisserait jouer un rôle pleinement créatif en transformant la nature. Elle lui refuse de droit de prendre cette nature comme une totalité à la fois physique et spirituelle, ou bien morale, peu importe ici. Bref, l’homme perd la liberté d’imaginer à sa guise sa puissance et sa gloire dans l’univers dont il fait partie, alors même qu’il va gagner au siècle suivant sa liberté politique dans le monde terrestre. Cet effet de compensation est troublant, et mérite qu’on le prenne comme une part de la question posée à l’idéologie scientiste contemporaine, qui croit pouvoir allier progrès technique et évolution démocratique. » 

Alain Gras, Socio-anthropologue, professeur à l’Université de Paris 1, UFR de Philosophie, Centre d’Etude des Techniques, des Connaissances et des Pratiques.

« Un nouveau procès pour Galilée », paru dans Alliage, n°47 – Juillet 2001, mis en ligne le 31 août 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3807.

1922, Einstein à Paris !

Il y a cent ans, Albert Einstein accepta l’invitation faite par Paul Langevin de venir à Paris, entre le 28 mars et le 10 avril 1922, pour une série de conférences. Sa seule présence suscita un vif engouement de la part de la presse et de l’opinion publique, mais aussi une vague de tensions révélatrices des préoccupations politiques, culturelles, institutionnelles et sociales du moment, au-delà des considérations purement scientifiques !

Raymond Lulle, journaliste : « Ovation frénétique, à laquelle sont entraînés ceux mêmes qui se proposent de combattre le plus durement le héros du jour. Speech très simple et plein de tact de M. Croiset, qui montre comment le Collège de France a toujours accueilli les maîtres de la pensée humaine.
Il donne la parole à Einstein, qui, très ému, ne sait comment commencer. Le voisinage de Langevin, assis près de lui, semble lui donner du courage et il aborde très simplement son sujet. Einstein commence en rappelant que bien que les mathématiques servent d’instrument à la physique, il ne suffit pas de mettre la physique en équations et de jongler avec celles-ci. Le langage est très clair, la gaucherie même du vocabulaire fait image. Et puis, il y a le geste : c’est celui du sculpteur dont la main caresse des formes présentes, quoique irréelles. Il a des formes plein les mains, les déplace, les dirige. Et il s’amuse prodigieusement avec ses joujoux fictifs. Sa figure prend l’air épanoui du gamin qui fait des niches. »

L’Île d’Art

Du principe de l’Art,

ou de la défense de la dignité humaine.

Au théâtre, et dans L’Île d’Or, tentez-vous de restaurer des valeurs foulées aux pieds dans la société ?

Je ne crois pas que le théâtre soit là pour « rétablir » des valeurs.

Le mot valeur vous paraît donc surfait ?

Il n’est pas surfait, il est galvaudé. Nous devons nous réapproprier ces mots si mal utilisés. Mais je suis de celles et ceux qui pensent qu’il suffit parfois d’un travail bien fait pour rappeler de nombreuses valeurs : l’amour du beau geste, l’honnêteté, la générosité, le respect et le souci de l’autre. Quand le travail sur scène est bien fait, alors les valeurs se déploient d’elles-mêmes sans avoir à s’afficher. Le théâtre, lui, est au-dessus. Le seul mot qui lui soit essentiel, c’est l’art. Si le théâtre n’est pas d’art, alors il ne peut rien défendre du tout.

Propos recueillis par Joëlle Gayot pour Télérama (Publié le 01/11/2021)

Affiche de l’Île d’Or