Où se cache la perfection ?

Un maître zen demanda à son disciple de nettoyer le jardin du monastère.

Le disciple nettoya le jardin et le laissa dans un état impeccable.

Le maître ne fut pas satisfait.

Il lui fit refaire le nettoyage une deuxième, puis une troisième fois.

Découragé, le pauvre disciple se plaignit :

“Mais maître, il n’y a rien de plus à ordonner, à nettoyer dans ce jardin! Tout est fait!

“Il manque une chose”, répondit le maître.

Il secoua un arbre et quelques feuilles se détachèrent, jonchant le sol.

“A présent, le jardin est parfait” conclut-il.

TOUT-EST-SOUS-CONTRÔLE

La communauté qui vient

Edward Snowden : « Au fond, la seule question, c’est : qui définit l’histoire ?
Qui pose que le changement se fait, démarre ou s’arrête ?
Tous les progrès sociaux dans l’histoire ont émergé d’un système que les gens ont jugé obsolète, injuste, et qu’ils ont finalement renversé pour aboutir à un autre système. Aujourd’hui, en n’autorisant pas l’échec, nous n’autorisons pas le progrès. »

Le secret de la belle endormie

« Dans notre culture occidentale, marcher pieds nus est symbole de faiblesse et de pauvreté. Un va-nu-pieds, c’est un gueux, un rejeté de la société. Mais aller pieds nus, c’est aussi un signe d’humilité et de sagesse quand ce n’est pas une expression de liberté.

Les rêves de marche les pieds nus sont parfois ressentis de manière angoissante. Ne pas avoir de chaussure, c’est d’abord ne pas être en couple ou être en insécurité dans son couple. Une femme qui se voit nu pieds, à la recherche de ses chaussures, est une femme qui doute d’elle et de sa féminité. Ce doute la place dans une position de faiblesse, principalement vis-à-vis de l’homme, ou de son conjoint. Elle cherche à savoir quelle est sa véritable place. Dans une acception sexuelle, le pied nu symbolise la sexualité dévoilée, inoffensive.

De façon positive, marcher pieds nus en rêve et arpenter la terre dans le plaisir du contact et du dépouillement est un signe de détachement, mais aussi d’amour et de plénitude avec la terre, qu’on épouse. C’est une manière d’être différente, en contact avec le sol, relié à la terre, au principe féminin. Il y a échange. »

Tristan-Frédéric Moir – Le Nouveau dictionnaire des rêves

La sexualité dévoilée

Et la Terre verdit de verdure…

La Terre est de plus en plus verte. La densité des feuilles et des arbres croît avec l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2.

Mais est-ce une une bonne nouvelle pour autant ?

Joël Ignasse [Sciences et Avenir – 2016]  : « Décrié pour son rôle majeur dans le réchauffement climatique, le dioxyde de carbone a contribué durant ces trente-cinq dernières années au verdissement de la planète. C’est ce qu’affirme une étude publiée dans la revue Nature Climate Change et menée par une trentaine de chercheurs représentant huit pays. Elle se fonde sur les données des satellites de la Nasa et de la NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique) qui ont évalué la couverture foliaire sur l’ensemble des terres végétalisées de la planète. Celle-ci a connu une hausse spectaculaire ces trois décennies passées, avec un verdissement, c’est-à-dire une augmentation de la densité des feuilles et de la densité des arbres, de 25 à 50% des zones portant de la végétation. Un gain équivalent à deux fois la surface des Etats-Unis. Pour les scientifiques, le facteur prédominant qui explique cette hausse est la concentration en CO2 atmosphérique, responsable d’un phénomène de « dopage » appelé fertilisation par le dioxyde de carbone

Plus il y a du dioxyde de carbone dans l’atmosphère et plus les plantes fabriquent d’éléments cellulaires par photosynthèse, elles peuvent ainsi développer plus de feuilles et les nouvelles pousses ont également plus de vigueur. Selon les scientifiques, le CO2 est directement responsable de 70% du verdissement observé ces trente dernières années. D’autres facteurs comme la concentration en azote ou la hausse des températures interviennent à un degré bien moindre (9% et 8%). C’est la première fois qu’un tel effet est identifié à l’échelle du globe. Son ampleur est de nature à « changer fondamentalement le cycle de l’eau et du carbone dans le système climatique » souligne Zaichun Zhu, de l’Université de Pékin et premier auteur de l’article. Dans quels sens iront ces changements ? Rien n’est certain et l’étude ne porte pas sur ce sujet. Toutefois, certains auteurs supposent que l’augmentation de la masse végétale va permettre de stocker de plus grande quantité de CO2 dans ce puits de carbone que constituent les forêts. « Des études ont constaté depuis les années 80 une plus grande captation du carbone que prévu par la Terre. C’est tout à fait conforme avec la hausse du verdissement » ajoute Shilong Piao, autre signataire de l’article. Une bonne nouvelle certes mais dont la portée est limitée car « les plantes s’adaptent à la hausse du dioxyde de carbone et l’effet de fertilisation n’est que transitoire » prévient Philippe Ciais, directeur adjoint du Laboratoire de sciences du climat et de l’environnement, à Gif-sur-Yvette. D’autre part, la hausse de la concentration en CO2 provoque d’autres phénomènes préjudiciables à la Terre comme aux espèces qu’elle abrite : réchauffement climatique, élévation du niveau de la mer, la fonte des glaciers et acidification des océans… ainsi que des phénomènes météorologiques plus fréquents et plus destructeurs. »

LE TROISIéME JOUR

Coraline Kaempf [Le Temps – 2016] : « Réchauffement climatique, inondations, sécheresses ou encore montée du niveau de la mer: les effets néfastes du CO2 sur la planète sont nombreux et redoutables. Une étude parue dans la revue «Nature Climate Change» nuance quelque peu le phénomène. Menée en collaboration avec l’Université de Boston, cette recherche témoigne d’un effet positif de ce gaz à effet de serre: il verdit la Terre.

Pour arriver à ces résultats, 32 chercheurs provenant de 24 institutions de 8 pays ont allié leurs savoirs. De 1982 à 2015, ils ont mesuré quotidiennement, à l’aide de trois satellites, la quantité de rayonnement solaire réfléchie par la flore sur les cinq continents. Grâce à ces données, ils ont calculé la densité de feuillage par mètre carré, une mesure nommée indice foliaire. Dans leur étude «Greening of the Earth and its Drivers», ils ont analysé l’évolution de ces valeurs pendant 33 ans. Le résultat est équivoque.

Leur conclusion: 25 à 50% des sols végétaux du globe sont plus feuillus qu’ils ne l’étaient il y a 33 ans, alors que seulement 4% de ces territoires sont moins verts aujourd’hui qu’en 1982 (ceux-ci se trouvant majoritairement en Argentine, en Mongolie et en Alaska).

«Visualiser l’espace vert gagné durant les 33 ans d’étude, on pourrait imaginer qu’un continent de verdure de deux fois la taille des Etats-Unis (18 millions de kilomètres carrés) est apparu», explique Zaichun Zhu, l’un des chercheurs de l’Université de Pékin. A ce jour, la végétation représente 32% de la surface de la planète, et 85% des terres hors pôles. Comme le démontre l’étude, celle-ci est devenue plus dense ces dernières décennies.

Cette densification des espaces verts est directement liée à l’action de photosynthèse des plantes. En résumé, par ce processus biogénétique, les feuilles absorbent du dioxyde de carbone (ainsi que de l’eau et des sels minéraux). Grâce à l’énergie lumineuse captée par la chlorophylle qui les compose, elles produisent des composés organiques, de l’oxygène ainsi que des glucides. Ce glucose rend les arbres et les plantes plus vigoureux.

Plus les feuilles ont de quoi s’approvisionner en dioxyde de carbone, plus elles se ravitaillent. Elles produisent alors davantage de glucose et la faune s’en retrouve fortifiée et plus vivace. C’est ce résultat que les chercheurs appellent l’effet fertilisant. «Cet espace vert supplémentaire a la capacité de changer du tout au tout le cycle de l’eau et du carbone dans le système climatique», ajoute le scientifique Zaichu Zhu.

L’effet fertilisant du CO2 expliquerait 70% de l’augmentation de l’indice foliaire, selon les chercheurs. D’autres éléments sont listés par les scientifiques pour expliquer cette densité grandissante de zones vertes: l’augmentation de l’azote dans l’environnement (un facteur qui joue un rôle à 9% dans ce processus), la chaleur due au réchauffement climatique (8%) et la modification de la couverture végétale (4%).Pour arriver à ces données sur les différents facteurs impliqués dans le processus, les chercheurs ont créé des modèles. «Ceux-ci peuvent avoir quelques déficiences», explique Josep Canadell, un scientifique qui a collaboré à l’étude depuis l’Australie. Il ne garantit pas l’exactitude des chiffres: «De futurs travaux vont sans doute questionner et affiner nos résultats.»

On pourrait se réjouir de ce résultat. Mais il y a un hic: l’effet fertilisant n’est pas un processus infini, comme le soulignent les chercheurs. Les bénéfices d’un grand apport en CO2 pour les plantes diminuent avec le temps. De plus, une trop grande concentration en gaz carbonique devient rapidement néfaste pour la flore.

En outre, l’effet fertilisant ne justifie en rien la déforestation, puisque la disparition des forêts n’est aucunement compensée par la plus forte densité végétale sur Terre. La régression des surfaces forestières a de graves conséquences, au niveau local surtout, sur la biodiversité, la qualité des sols, le cycle de l’eau ou encore le climat.

Et, bien qu’elle se soit densifiée ces dernières décennies, la verdure terrestre n’absorbe qu’environ un quart du dioxyde de carbone produit annuellement. Un autre quart est neutralisé par l’océan. La moitié du CO2 produit chaque année reste libre dans l’atmosphère. »