Le jeu du chat et de la souris

En fait il y a deux questions : est-ce que « la réalité quantique » s’étend au monde macroscopique ? C’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui alors que le monde macroscopique est derrière moi et je ne sais pas du tout ce qui se passe, c’est-à-dire je suis partout à la fois et nulle part. Si j’étais dans le monde quantique, devant moi, je serais partout à la fois sans aucune distinction, mais une fois que je regarderais je ne verrais qu’un seul personnage celui que je suis. C’est cela le principal enjeu de la théorie au point de vue philosophique qui donne des résultats mathématiques et physiques différents c’est : est-ce qu’il y a une extension des phénomènes microscopiques ou macroscopiques et comment se fait-il qu’on ne les voit pas ? […]

Le chat et la souris (2020) – Technique mixte sur papier – 60x40cm

Du coup la fiction intervient, c’est-à-dire ce qui est fictif sans réalité dans notre monde, est-ce que la fiction nous permet de construire un monde contrefactuel qui pourrait correspondre à ce que nous disent les équations ou les concepts de la physique quantique ? Je réponds oui car il y a un grand nombre d’ouvrages littéraires ou des tentatives artistiques plastiques qui se réclament ou non de la physique quantique. Effectivement ils essaient surtout au niveau de la dimension des arts plastiques visuels, de contourner l’apparence de notre monde ou les lois de notre monde pour essayer de faire émerger ce qui pourrait exister effectivement d’état quantique dans notre propre monde. C’est le cas, c’est-à-dire si effectivement l’art littéraire ou plastique arrive à montrer qu’on peut contourner l’obstacle du monde macroscopique pour y implanter en quelque endroit, en quelque lieu, des instants ou des œuvres de nature quantique, on justifie qu’il y a un soubassement quantique de notre propre monde. 

Jean-Loup Héraud

Adam et Ève (Dürer, 1504)

Le vrai visage du passé

« A la fin de l’ère tertiaire, il y avait en Europe une extraordinaire variété d’animaux. Bien que le climat ne fût pas tropical, nos régions offraient un vrai spectacle de jardin zoologique, digne des savanes africaines d’il y a cent ans. Des troupeaux de mastodontes, de chevaux sauvages, de zèbres, d’hippopotames, peuplaient les plaines et les rivières de France. Des daims de grande taille, des ours, des rhinocéros, des tigres à canines en sabre, des castors géants se reposaient à l’ombre des chênes et des noyers. […]                    A première vue, il paraît surprenant, alors que le climat n’était pas très différent de celui d’aujourd’hui, que notre pays fût peuplé d’une faune d’allure africaine, avec des hippopotames et des rhinocéros. Mais en réalité ces animaux ne sont pas plus spécialement africains qu’européens. Il se trouve seulement qu’ils ont survécu en Afrique, alors qu’ils ont disparu en Europe. A cela, il y a deux explications. Tout d’abord, en Afrique, les oscillations climatiques ont pu aller du climat tropical au climat équatorial ; de l’un à l’autre la différence n’était pas mortelle pour les grands animaux. En Europe, l’écart n’était sans doute guère plus important entre le climat tempéré doux et les froids des périodes glaciaires ; mais ceux-ci étaient suffisants pour faire périr beaucoup d’animaux. La seconde raison c’est qu’en Europe l’homme — c’est-à-dire le chasseur — était présent un peu partout, tandis qu’en Afrique il laissait de grands espaces inhabités, du moins par lui. Une bonne preuve de l’importance des ravages exercés par l’homme dans les espèces animales, c’est qu’il y a quelques siècles à peine, on trouvait encore en Asie, sous les climats semblables au nôtre, des lions, des rhinocéros, des tapirs. Ils ont disparu à une date relativement récente, exterminés non par les conditions naturelles, mais par l’homme. Et en Asie centrale, en Sibérie, où les hivers sont beaucoup plus rudes qu’en France, il reste bien encore des tigres et des panthères. »

—Les hommes de la préhistoire, Les chasseurs, par André Leroi-Gourhan.

tigre

Selon les dernières estimations de WWF et de Global Tiger Forum, il resterait seulement 50 léopards à l’état sauvage. Encore plus alarmant, la population des panthères des neiges a décliné de 20% ces 20 dernières années, et 95% de la population de tigres sauvages a disparu. Il n’en resterait que 4000 sur Terre. Des chiffres alarmants qui prouvent une réalité cruelle : les grands félins sont en voie d’extinction.

L’hypothèse Gaïa

Selon Lynn Margulis, microbiologiste américaine : « La théorie de Gaïa nous oblige à penser comme une globalité les interactions entre les hommes, les végétaux, les animaux et la vie bactérienne. »

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La terre serait-elle capable de régler, par exemple, certains problèmes d’ajustement que les hommes ne sont pas près d’affronter eux-mêmes ?

Considéré comme le père de l’hypothèse Gaïa, James Lovelock, quant à lui, observe que dans l’histoire de Gaïa, aucun être vivant n’a longtemps dépassé les limites de sa niche écologique sans qu’un prédateur apparaisse et rétablisse l’équilibre.

Alors, à quel prédateur faut-il s’attendre ?

L’Hypothèse Gaïa

Et la Terre verdit de verdure…

La Terre est de plus en plus verte. La densité des feuilles et des arbres croît avec l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2.

Mais est-ce une une bonne nouvelle pour autant ?

Joël Ignasse [Sciences et Avenir – 2016]  : « Décrié pour son rôle majeur dans le réchauffement climatique, le dioxyde de carbone a contribué durant ces trente-cinq dernières années au verdissement de la planète. C’est ce qu’affirme une étude publiée dans la revue Nature Climate Change et menée par une trentaine de chercheurs représentant huit pays. Elle se fonde sur les données des satellites de la Nasa et de la NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique) qui ont évalué la couverture foliaire sur l’ensemble des terres végétalisées de la planète. Celle-ci a connu une hausse spectaculaire ces trois décennies passées, avec un verdissement, c’est-à-dire une augmentation de la densité des feuilles et de la densité des arbres, de 25 à 50% des zones portant de la végétation. Un gain équivalent à deux fois la surface des Etats-Unis. Pour les scientifiques, le facteur prédominant qui explique cette hausse est la concentration en CO2 atmosphérique, responsable d’un phénomène de « dopage » appelé fertilisation par le dioxyde de carbone

Plus il y a du dioxyde de carbone dans l’atmosphère et plus les plantes fabriquent d’éléments cellulaires par photosynthèse, elles peuvent ainsi développer plus de feuilles et les nouvelles pousses ont également plus de vigueur. Selon les scientifiques, le CO2 est directement responsable de 70% du verdissement observé ces trente dernières années. D’autres facteurs comme la concentration en azote ou la hausse des températures interviennent à un degré bien moindre (9% et 8%). C’est la première fois qu’un tel effet est identifié à l’échelle du globe. Son ampleur est de nature à « changer fondamentalement le cycle de l’eau et du carbone dans le système climatique » souligne Zaichun Zhu, de l’Université de Pékin et premier auteur de l’article. Dans quels sens iront ces changements ? Rien n’est certain et l’étude ne porte pas sur ce sujet. Toutefois, certains auteurs supposent que l’augmentation de la masse végétale va permettre de stocker de plus grande quantité de CO2 dans ce puits de carbone que constituent les forêts. « Des études ont constaté depuis les années 80 une plus grande captation du carbone que prévu par la Terre. C’est tout à fait conforme avec la hausse du verdissement » ajoute Shilong Piao, autre signataire de l’article. Une bonne nouvelle certes mais dont la portée est limitée car « les plantes s’adaptent à la hausse du dioxyde de carbone et l’effet de fertilisation n’est que transitoire » prévient Philippe Ciais, directeur adjoint du Laboratoire de sciences du climat et de l’environnement, à Gif-sur-Yvette. D’autre part, la hausse de la concentration en CO2 provoque d’autres phénomènes préjudiciables à la Terre comme aux espèces qu’elle abrite : réchauffement climatique, élévation du niveau de la mer, la fonte des glaciers et acidification des océans… ainsi que des phénomènes météorologiques plus fréquents et plus destructeurs. »

LE TROISIéME JOUR

Coraline Kaempf [Le Temps – 2016] : « Réchauffement climatique, inondations, sécheresses ou encore montée du niveau de la mer: les effets néfastes du CO2 sur la planète sont nombreux et redoutables. Une étude parue dans la revue «Nature Climate Change» nuance quelque peu le phénomène. Menée en collaboration avec l’Université de Boston, cette recherche témoigne d’un effet positif de ce gaz à effet de serre: il verdit la Terre.

Pour arriver à ces résultats, 32 chercheurs provenant de 24 institutions de 8 pays ont allié leurs savoirs. De 1982 à 2015, ils ont mesuré quotidiennement, à l’aide de trois satellites, la quantité de rayonnement solaire réfléchie par la flore sur les cinq continents. Grâce à ces données, ils ont calculé la densité de feuillage par mètre carré, une mesure nommée indice foliaire. Dans leur étude «Greening of the Earth and its Drivers», ils ont analysé l’évolution de ces valeurs pendant 33 ans. Le résultat est équivoque.

Leur conclusion: 25 à 50% des sols végétaux du globe sont plus feuillus qu’ils ne l’étaient il y a 33 ans, alors que seulement 4% de ces territoires sont moins verts aujourd’hui qu’en 1982 (ceux-ci se trouvant majoritairement en Argentine, en Mongolie et en Alaska).

«Visualiser l’espace vert gagné durant les 33 ans d’étude, on pourrait imaginer qu’un continent de verdure de deux fois la taille des Etats-Unis (18 millions de kilomètres carrés) est apparu», explique Zaichun Zhu, l’un des chercheurs de l’Université de Pékin. A ce jour, la végétation représente 32% de la surface de la planète, et 85% des terres hors pôles. Comme le démontre l’étude, celle-ci est devenue plus dense ces dernières décennies.

Cette densification des espaces verts est directement liée à l’action de photosynthèse des plantes. En résumé, par ce processus biogénétique, les feuilles absorbent du dioxyde de carbone (ainsi que de l’eau et des sels minéraux). Grâce à l’énergie lumineuse captée par la chlorophylle qui les compose, elles produisent des composés organiques, de l’oxygène ainsi que des glucides. Ce glucose rend les arbres et les plantes plus vigoureux.

Plus les feuilles ont de quoi s’approvisionner en dioxyde de carbone, plus elles se ravitaillent. Elles produisent alors davantage de glucose et la faune s’en retrouve fortifiée et plus vivace. C’est ce résultat que les chercheurs appellent l’effet fertilisant. «Cet espace vert supplémentaire a la capacité de changer du tout au tout le cycle de l’eau et du carbone dans le système climatique», ajoute le scientifique Zaichu Zhu.

L’effet fertilisant du CO2 expliquerait 70% de l’augmentation de l’indice foliaire, selon les chercheurs. D’autres éléments sont listés par les scientifiques pour expliquer cette densité grandissante de zones vertes: l’augmentation de l’azote dans l’environnement (un facteur qui joue un rôle à 9% dans ce processus), la chaleur due au réchauffement climatique (8%) et la modification de la couverture végétale (4%).Pour arriver à ces données sur les différents facteurs impliqués dans le processus, les chercheurs ont créé des modèles. «Ceux-ci peuvent avoir quelques déficiences», explique Josep Canadell, un scientifique qui a collaboré à l’étude depuis l’Australie. Il ne garantit pas l’exactitude des chiffres: «De futurs travaux vont sans doute questionner et affiner nos résultats.»

On pourrait se réjouir de ce résultat. Mais il y a un hic: l’effet fertilisant n’est pas un processus infini, comme le soulignent les chercheurs. Les bénéfices d’un grand apport en CO2 pour les plantes diminuent avec le temps. De plus, une trop grande concentration en gaz carbonique devient rapidement néfaste pour la flore.

En outre, l’effet fertilisant ne justifie en rien la déforestation, puisque la disparition des forêts n’est aucunement compensée par la plus forte densité végétale sur Terre. La régression des surfaces forestières a de graves conséquences, au niveau local surtout, sur la biodiversité, la qualité des sols, le cycle de l’eau ou encore le climat.

Et, bien qu’elle se soit densifiée ces dernières décennies, la verdure terrestre n’absorbe qu’environ un quart du dioxyde de carbone produit annuellement. Un autre quart est neutralisé par l’océan. La moitié du CO2 produit chaque année reste libre dans l’atmosphère. »