« La maman des arbres »

« A ce jour, je reste persuadée que l’option qui consiste à faire confiance à son prochain et à adopter une attitude positive à l’égard de la vie et de ses semblables est la plus saine qui soit, non seulement pour parvenir à une certaine sérénité, mais aussi pour faire bouger les choses. »
Wangari Maathai

Avant d'avoir un nom

Wangari Muta Maathai, née Wangari Muta le 1ᵉʳ avril 1940 à Ihithe et morte le 25 septembre 2011 à Nairobi, est une biologiste, professeur d’anatomie en médecine vétérinaire et militante politique et écologiste.

Comment s’en sortir ?

Est-ce l’homme qui fait la société, ou la société qui fait l’homme, mon capitaine ?

« La Révolution a échoué parce que le fondement de sa philosophie politique était erroné. Son dogme central était le transfert originel de l’homme à la société. Elle avait l’idée rose que l’homme est bon par nature et qu’il n’est corrompu que par une société mal organisée. Il suffirait de détruire les mauvaises institutions, de remonter un peu la machine et hop !, on avait l’utopie de l’homme naturel revenu dans toute sa bonté… C’est une idée très attirante mais elle est tout simplement fausse. On a tout pris à l’envers. La société est corrompue parce que l’homme est corrompu puisqu’il est faible, égoïste, hypocrite et avide. »
Bonaparte

Moment de rêverie
Photo : un enfant de la tribu des Tasadays, en train de… rêver.

« Ainsi l’homme social est inadapté à son sort biologique d’être mortel ; l’homme biologique est inadapté à son sort d’être réprimé. Cette double inadaptation projette l’homme dans les délires, mais en même temps le catapulte dans le devenir. […] Le devenir est le déséquilibre équilibrant, l’équilibre-déséquilibre. »
Edgar Morin

I'll Be Your Mirror

« L’IDÉE QUE LA CRISE DE NOTRE SOCIÉTÉ A POUR CAUSE LES STRUCTURES SOCIALES PLUTÔT QUE L’HOMME LUI-MÊME EST À MON AVIS DANGEREUSE. L’HOMME DOIT ÊTRE CONSCIENT DE SA DUALITÉ ET DE SA PROPRE FAIBLESSE POUR ÉVITER LES PIRES PROBLÈMES PERSONNELS ET SOCIAUX. »

S. KUBRICK

Les Sentiers de la gloire (1957) de Stanley Kubrick

If

Et si les hommes restaient silencieux, c’est qu’ils avaient beaucoup à réfléchir, beaucoup à se rappeler…

« Montag sentait en lui le lent remous des mots, leurs lentes vibrations. Et, quand son tour viendrait, que pourrait-il dire, que pourrait-il offrir, un jour comme celui-là, pour alléger la fatigue du voyage? Pour tout ce qui existe, il est une saison. Oui. Un temps pour détruire et un temps pour construire. C’est cela. Un temps pour garder le silence et un temps pour élever la voix. Oui, mais quoi d’autre, quoi d’autre encore? Quelque chose, quelque chose… »
Ray Bradbury – Farenheit 451

«If»: Pink Floyd, auteur: Roger Waters, album: Atom Heart Mother.

A Suivre

Aristote avait une opinion très marquée sur les femmes et leur rôle dans la cité antique d’Athènes. Pour lui, la femme est inférieure à l’homme et incapable de prendre des décisions importantes. Ses écrits vont influencer l’ensemble des civilisations occidentales et au-delà, pour les siècles à venir.

La société chinoise est, quant à elle, très influencée par les écrits de Confucius : « C’est la loi de la nature que la femme soit tenue sous la domination de l’homme. »

Feuille jaune

Au niveau mondial et sur un plan démographique, les femmes et les hommes sont à égalité, leur nombre est globalement le même. L’égalité s’arrête là.
Les premières civilisations ont pu être parfois égalitaires, puis les rapports de force, les traditions culturelles et religieuses, mais aussi des mouvements de libération ont dessiné des profils différents en fonction des régions du monde.
Brimades, violences conjugales, meurtres… Discriminations au niveau de l’emploi, des salaires, de la vie publique…
Les sujets qui fâchent sont nombreux. Comment en est-on arriver là ? Est-ce que ça peut changer ?

— « Femmes, la moitié du monde »

A Suivre

Places exist for times like this

Places exist
For times like this
I never need them
I never need them
Places out there
There »s magic everywhere
I never need them
I never need them
For if, just when I notice it
And it seemed, just ignore it
Farther out, just when we need this
And it seems, is this just me
For if, just when I notice it
And it seemed, just ignore it
Farther out, just when we need this
And it seems, is this just me
I never need them
I never need them
For if just when I notice it
And it seemed, just ignore it
Farther out, just when we need this
And it seems, is this just me
For if, just when I notice it
And it seemed, just ignore it
Farther out, just when we need this
And it seems, is this just me
Is this just me
Is this just me

Au Revoir Simone – Tell Me Clock

Du levant au couchant

Europe L’étymologie grecque couramment admise de ce nom y voit un composé de εὐρύς, « large » et ὤψ, « œil, vue ». La terre « à l’aspect large » constitue une vieille épithète de la terre que l’on retrouve dans plusieurs traditions indo-européennes : « la large terre » en grec, « la large terre » ou simplement « la large » en sanskrit, et de même dans les langues germaniques. Europe serait ainsi l’une des figures de la déesse Terre, renouvelée.
Cependant cette étymologie ne tient pas compte de l’origine phénicienne d’Europe. En arabe, langue phénicienne comptant le plus de locuteurs de nos jours, « aruba » veut dire belle femme aimante, et c’est une caractéristique plausible d’Europe, fille d’Agénor.
Selon une autre hypothèse, la première mention connue du mot proviendrait d’une stèle assyrienne, qui distingue les rivages de la mer Égée par deux mots phéniciens : Assou, le « levant », et Ereb, le « couchant ». L’origine des noms grecs Asia et Eurôpê se trouverait dans ces deux termes sémitiques par lesquels les marins phéniciens désignaient les rives opposées de la Grèce actuelle et de l’Anatolie. La mythologie grecque perpétuerait l’origine sémitique du mot, en en faisant le nom de la princesse phénicienne.

L'Enl_vement d'Europe

Depuis l’Inde des Veda à l’Individu

Depuis l’Inde des Veda et l’Egypte antique, cinq millénaires n’ont pas suffi pour rendre universelle une valeur qui, en Occident, va de soi : l’autonomie. Ne parlons pas même de liberté, mais simplement d’autonomie individuelle : la capacité à se donner à soi-même sa propre loi. Pour la moitié du monde d’aujourd’hui, l’autonomie contrarie une valeur plus ancienne, et qui a fait ses preuves : la solidarité. L’état premier des valeurs est en effet l’état de communauté, ensemble de familles constituant un groupe, ou une culture. Soit une communauté : pour exister matériellement et symboliquement, elle a besoin d’un ciment qui la fonde, et c’est l’échange. Echange de nourritures, de services, entraide pour les plus faibles, répartition du travail, échanges matrimoniaux sont les éléments qui soudent une communauté solidaire. Sur le plan métaphysique, cette solidarité sociale trouve son équivalent dans l’obligatoire dissolution du moi dans un absolu, maître à bord : fusion avec le divin, karma, ou fusion dans l’ordre de l’univers, c’est selon.

Le dividu

Dans ce système de valeurs, l’individu est si peu apprécié qu’un psychanalyste indien, Sudhir Kakar, propose un nouveau concept : le « dividu », c’est-à-dire le contraire de l’individu. Le dividu serait la valeur collective, professée au détriment des valeurs du moi. Chez nous, quelques philosophes, réputés austères ou grincheux, ont osé affirmer : « Le moi est haïssable », alors qu’ailleurs dans le monde, en grande majorité, ce rejet du moi est un fait moral fondamental. En Afrique, en Asie et chez tous les peuples premiers, la valeur de solidarité l’emporte largement sur la valeur d’autonomie individuelle : aucun acte ne se décide s’il ne sert pas à la communauté. Il n’y a pas d’individu, il n’y a que du dividu.

C’est le sens des immigrations venues des pays pauvres, où domine la valeur de solidarité. Immigrer dans un pays riche, c’est assurer la survie d’une cinquantaine de personnes dans la famille, voire l’économie d’un village entier : on n’émigre pas pour s’enrichir seul, mais pour enrichir la communauté d’où l’on vient. Tel est le cas des immigrés d’Afrique et d’Asie en Europe, du Penjab au Canada et aux Etats-Unis, et de la diaspora chinoise en Indonésie, en Californie et en France. Pour ces communautés, l’autonomie individuelle n’a pas de place ; autant dire que la liberté de choix n’existe pratiquement pas.

La liberté individuelle occidentale

A l’inverse, dans l’Occident riche, la liberté individuelle l’emporte depuis cinquante ans sur la communauté, fort réduite en nombre il est vrai : nous n’avons plus de ces familles élargies soudées dans la même entraide. Mais ce qui vaut dans l’Occident riche vaut également dans les couches enrichies des bourgeoisies des pays pauvres : partout, on constate un étroit rapport entre l’enrichissement et la progression de l’autonomie individuelle.

C’est bien beau, mais voilà : cette progression de la liberté individuelle se fait au détriment de la valeur de solidarité. Et chacun dans sa sphère rêve des valeurs de l’autre : le pauvre, écrasé par la valeur de solidarité, rêve d’indépendance et de liberté de choix, cependant que le riche, écrasé par la liberté de ses choix, peut avoir la nostalgie de valeurs solidaires, perdues avec l’enrichissement.

Valeurs solidaires contre valeurs libertaires

Ce chassé-croisé gigantesque, à l’échelle mondiale, entre valeurs solidaires et valeurs libertaires contient la matrice de tous les antagonismes moraux. Sur le versant solidaire, par exemple, il est inconcevable de se marier sur le seul critère du choix amoureux, car c’est la communauté familiale qui décide en fonction de ses intérêts ; sur le versant libertaire, il est inconcevable d’assurer matériellement l’avenir du petit cousin cancre, car il doit apprendre à être responsable en se débrouillant seul.

Au moment où l’Occident pousse les valeurs libérales – sens du combat, esprit d’entreprise, audace –, les pays traditionnellement solidaires protègent énergiquement leurs valeurs collectives – l’aîné des enfants travaille pour subvenir aux besoins de sa gigantesque parentèle, et le produit de son travail sera distribué par son vieux père. D’un côté, le partage est en voie de disparition ; de l’autre, à cause du chômage, il devient une lourde contrainte, insupportable aux jeunes générations des pays pauvres.

En fait, on le sait depuis longtemps. Que vaut la liberté sans le pain ? Que vaut la communauté sans tolérance ? Rien, dans les deux cas. Vieux comme le monde, ce problème devient dangereux depuis que s’enrichissent à vue d’œil les riches, à proportion de l’appauvrissement des pauvres. Mais cela, il est vrai, suppose une valeur qui pointe, mais à grand-peine : la justice, dure à faire entrer dans les têtes.

— Catherine Clément

LA PART DU VIDE