Design et futur

Si l’on considère la société, son économie et ses systèmes de production dans leur ensemble, la vision offerte aujourd’hui est désespérante. C’est en effet, comme si nous avions sous les yeux une énorme voiture qui se précipite toujours plus vite vers le gouffre. Et dont, en sus, le volant et les freins seraient bloqués par une série de mécanismes économiques, législatifs et culturels présentés comme inamovibles.

Les entreprises et les politiques prétendent qu’on ne peut rien faire parce que « les gens » ne veulent pas changer. Inversement, les sujets et les communautés, même quand elles aspirent à un changement, soutiennent que c’est impossible parce que les « entreprises » et les « politiques » ne leur laissent pas d’autres choix.

Les designers sont pris à leur tour dans ce jeu paralysant, bloqués à l’intérieur d’un mécanisme qui semble ne leur permettre d’imaginer que de nouveaux gadgets inutiles ou, au mieux, des améliorations allant dans le sens d’un système dont on sait aujourd’hui qu’il est intrinsèquement voué à la faillite.

Une autre représentation de la réalité (2021) – Huile sur feuille Imagine 350g – 100x70cm

Pour sortir de cette impasse, il faut, avant tout, adopter une autre représentation de la réalité : à savoir, ne plus considérer les gens, les entreprises et les politiques comme des entités « moyennes » mais, au contraire, les voir pour ce qu’ils sont en réalité : des ensembles d’individus et des groupes d’individus aux positions différentes et souvent contradictoires.

« communautés créatrices » : Ezio Manzini et François Jégou