L’écriture était un dessin, et ce l’est toujours.

Peu de choses sont connues sur la vie de saint Luc. La tradition chrétienne l’identifie comme étant médecin, compagnon de voyages de saint Paul, et le reconnaît comme l’auteur du troisième Évangile et des Actes des Apôtres. Mais selon une légende du VIe siècle, on fait également de lui l’auteur de plusieurs icônes de la Vierge, peut-être parce que dans son Evangile « de tendresse », il est celui qui décrit avec le plus d’attention et respect la Vierge Marie. Ainsi, à sa pratique des langues, du droit et de la médecine il aurait ajouté celle de la peinture. Les iconographes (selon la tradition) ont donc vu en lui le peintre qui le premier brossa le portrait de la Vierge, bien qu’il n’existe pas d’icône connue ou authentifiée qui puisse être directement rattachée à la main de Luc.

Saint Luc l’Évangéliste (2020) – Technique mixte sur papier – 60x40cm

Il est enfin intéressant de noter des rapprochements à faire entre les médecins et peintres, au Moyen Age et quelquefois au XVème siècle, en particulier à Florence : le médecin passe une partie de la journée chez l’apothicaire qui fabrique les médicaments. Il arrive, comme on le voit dans l’œuvre de Boccace, que l’apothicaire fabrique non seulement des médicaments mais aussi des pigments pour le peintre. On peut imaginer des dialogues chez l’apothicaire entre des médecins et des peintres (qui travaillent d’ailleurs surtout pour les gens riches – contrairement aux pauvres chirurgiens). Certains peintres ornent des hôpitaux à Florence, à Sienne et peut-être ailleurs. Il est à noter que quelques confréries à Tournai et aussi en Italie ont groupé sous le patronage de Luc médecin et peintre, à la fois des apothicaires, des peintres, des enlumineurs, des relieurs et même des notaires qui se servent pour les parchemins de la peau du taureau, animal symbole de Luc.

Le médecin saint Luc l’évangéliste (extrait) par Louis-Paul Fischer & Nathalie Suh-Tafaro

Saint Luc en train de « peindre » le portrait de la Vierge Marie à l’Enfant (Début du XVe siècle)