Un monde clos

Alors que tout s’affole autour de soi, comment conjuguer la menace et le calme, l’alarme et l’attente ?

Un monde clos (2022) – Huile sur papier (64x45cm)

La science ne veut pas être un art : généalogie d’une technique sans conscience

« Avec la modernité galiléenne, l’homme, ainsi exclu du monde en acte, n’est plus qu’un sujet passif, observant l’univers déjà donné dans sa totalité. Et c’est cela l’extraordinaire imposture idéologique de la pensée moderne, affirmant que Galilée, pour la première fois, ouvre l’univers infini de la connaissance, fait sortir l’homme du monde clos, et lui apporte la liberté. Alors que, bien au contraire, sa formulation du problème de l’existence élimine de manière radicale la condition de la présence pleine et entière de l’homme dans la nature. Elle lui interdit de prendre toute position intellectuelle qui lui laisserait jouer un rôle pleinement créatif en transformant la nature. Elle lui refuse de droit de prendre cette nature comme une totalité à la fois physique et spirituelle, ou bien morale, peu importe ici. Bref, l’homme perd la liberté d’imaginer à sa guise sa puissance et sa gloire dans l’univers dont il fait partie, alors même qu’il va gagner au siècle suivant sa liberté politique dans le monde terrestre. Cet effet de compensation est troublant, et mérite qu’on le prenne comme une part de la question posée à l’idéologie scientiste contemporaine, qui croit pouvoir allier progrès technique et évolution démocratique. » 

Alain Gras, Socio-anthropologue, professeur à l’Université de Paris 1, UFR de Philosophie, Centre d’Etude des Techniques, des Connaissances et des Pratiques.

« Un nouveau procès pour Galilée », paru dans Alliage, n°47 – Juillet 2001, mis en ligne le 31 août 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3807.